Origines et principes du Chant Harmonique
18/11/2014
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Chant Harmonique
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Tout comme un arc-en-ciel révèle la palette des couleurs essentielles, le son se décompose en éléments purs, les harmoniques. Tout comme un galet jeté dans un lac forme d’innombrables cercles dans l’eau, chaque son produit d'autres sons, de manière instantanée et incontournable, appelés la série harmonique.
Tout instrument est riche en harmoniques, ce sont elles qui donnent leur couleur aux différents instruments et font qu’on reconnait le son caractéristique d'une trompette ou d'un violon par exemple.
Il en est de même pour l’instrument qu’est la voix, c’est la composition particulière en harmoniques qui donne le timbre unique de chaque voix. Lorsqu’un son est produit par la voix, automatiquement d’autres sons plus aigus vont être générés. Habituellement, notre oreille ne les distingue que très peu, elle perçoit un son de voix global composé par les différentes harmoniques produites.
L'art du chant harmonique consiste à diffracter volontairement une série d'harmoniques (sons cristallins aigus) à partir d'une note fondamentale (son grave) et à émettre ainsi deux chants simultanés.
Le son de base est un son d’ancrage, relié à la terre. Le chanteur s’appuie sur lui et, grâce à un système de résonance particulier, il va isoler et amplifier certaines harmoniques inhérentes à son chant pour les faire ressortir. Le deuxième son, plus aigu et flûté, a tendance à tirer vers le ciel, ce qui crée une expansion dans la verticalité terre/ciel.
Plus un son est grave et plus il agit sur la matière, plus il monte dans les aigus et plus il agit au niveau subtil. Avec le chant et les instruments harmoniques, le son va agir sur une multitude de niveaux car la gamme harmonique est très riche et étendue. Les harmoniques nous aident à ressentir l'aspect spiralé de chaque son. Ce sont des fréquences naturelles qui nous ré-accordent avec les lois de l’univers.
La technique vocale du chant harmonique s’inspire de celle du chant diphonique, une pratique qui vient d’Asie centrale, plus précisément de Mongolie et de la région Touva en Sibérie, et également du Tibet.
A l’origine, cette forme de chant était pratiquée par les chamanes d'Asie centrale, qui s’inspiraient des sonorités du vent et de l’eau, cherchant à les imiter pour rendre hommage à la nature et dialoguer avec les esprits. Elle met l'accent sur une recherche du sens sacré de la musique. En Mongolie, c’est un chant rythmé, mélodique et épique, qui évoque souvent le galop des chevaux.
Le chant diphonique est également pratiqué dans les monastères du Tibet, où les lamas produisent des harmoniques pour élever leur esprit et faire monter leurs prières vers le ciel. La technique y est alors très différente : les harmoniques ne dessinent pas de mélodie, et la voix de base est particulièrement pleine, grave, et très riche en harmoniques. Le chanteur peut faire ressortir deux ou trois harmoniques en même temps.
Le terme de « Chant harmonique » a été créé par David Hykes, un musicien américain qui a contribué à faire connaitre cette technique en Occident, par l’intermédiaire de son disque « A l’écoute des vents solaires ». On peut définir le chant harmonique comme une adaptation occidentale de la technique asiatique du chant diphonique. Alors que dans le chant diphonique, la note fondamentale est souvent étouffée voire quasi inaudible, le chant harmonique demande moins d'efforts au niveau de la gorge et intègre la note fondamentale, pour éventuellement la moduler.